Hommage à Vince Zampella et à son influence durable sur les jeux modernes

Quelques heures seulement après la confirmation du décès de Vince Zampella, l'un des personnages les plus influents du jeu vidéo, les hommages à ce dernier ont afflué dans toute l'industrie. Cofondateur d'Infinity Ward, puis force créative et dirigeante de Respawn Entertainment, Zampella a consacré près de trente ans à façonner les jeux de tir modernes et la culture des studios. Sa disparition a profondément choqué les développeurs, les éditeurs et les créateurs dont la carrière a croisé la sienne.

Vince Zampella a été retrouvé mort après un accident de voiture survenu sur l'Angeles Crest Highway. L'accident s'est produit au nord de Los Angeles, où Zampella était passager. Une autre personne se trouvant dans le véhicule a également perdu la vie. La nouvelle, diffusée en fin de journée, s'est rapidement propagée dans le secteur, suscitant de nombreux hommages de la part de ses collègues, concurrents et collaborateurs de longue date, qui ont exprimé leur admiration professionnelle et leur profonde tristesse.

La carrière de Zampella a débuté avant que son nom ne devienne synonyme de franchises à succès. Son premier grand projet fut Medal of Honor : Allied Assault, en tant que concepteur principal. Sorti en 2002, ce jeu a redéfini les attentes en matière de FPS historiques sur PC. Son rythme cinématographique, ses séquences scénarisées et son système de combat réaliste sont devenus des références pour tout un genre. Ce travail a ouvert la voie à la suite.

Plus tard cette année-là, Zampella co-fonde Infinity Ward avec Grant Collier et Jason West. Le studio est petit, inexpérimenté selon les standards de l'industrie, mais ambitieux. Leur premier Call of Duty sort en 2003 et se distingue immédiatement par ses missions minutieusement chorégraphiées et son approche axée sur le combat en escouade. La série connaîtra une croissance rapide, mais c'est Call of Duty 4 : Modern Warfare, en 2007, qui marque un tournant. En transposant l'action dans un contexte de conflit contemporain et en introduisant des systèmes de progression récompensant la fidélité au jeu, ce dernier redéfinit le genre du FPS et les attentes commerciales.

Vince Zampella et Jason West en 2010, peu après la création de Respawn. (Crédit photo : Ann Johansson/Corbis via Getty Images)

L'influence de Modern Warfare a largement dépassé ses ventes. Le jeu a bouleversé la conception du multijoueur dans toute l'industrie, normalisant les déblocages permanents, les systèmes d'atouts et les cycles compétitifs rapides. Le rôle de Zampella dans cette évolution l'a placé au cœur de l'une des transitions les plus importantes du jeu vidéo. Pour de nombreux développeurs, cette période a défini leur vision du jeu de tir à grande échelle.

Après une séparation très médiatisée avec Activision, Zampella et West ont quitté Infinity Ward en 2010. Ce départ, houleux et largement relayé par les médias, n'a cependant pas freiné leur production. Ils ont fondé Respawn Entertainment peu après, opérant initialement avec une petite équipe et une grande liberté créative. Le premier jeu de Respawn, Titanfall, est sorti en 2014 et a introduit des mécaniques de déplacement fluides mêlant course sur les murs, parkour et combats motorisés. Bien que Titanfall n'ait jamais atteint le succès commercial de Call of Duty, ses innovations en matière de conception lui ont valu un respect durable.

Respawn a ensuite sorti Titanfall 2, dont la campagne solo était souvent saluée pour son rythme et sa variété de gameplay. Le studio a par la suite lancé Apex Legends, un battle royale free-to-play sorti sans marketing préalable et qui a rapidement conquis des dizaines de millions de joueurs. Apex a démontré la capacité de Zampella à anticiper l'évolution des comportements des joueurs et des écosystèmes des plateformes.

Sous sa direction, Respawn a également développé Star Wars Jedi: Fallen Order et Star Wars Jedi: Survivor, des jeux d'action narratifs qui ont rencontré un succès critique et commercial. Ces projets ont permis à Respawn d'élargir son champ d'action au-delà des jeux de tir, tout en conservant une priorité donnée à la clarté des mécaniques de jeu et à l'expérience de jeu. Par la suite, Zampella a assumé des responsabilités plus importantes chez Electronic Arts, supervisant Ripple Effect et contribuant à l'orientation de la franchise Battlefield.

À l'annonce de son décès, les hommages ont souligné non seulement son œuvre créative, mais aussi son leadership. John Romero, figure emblématique du jeu de tir à la première personne, a écrit que l'empreinte de Zampella sur le genre était monumentale et s'est dit profondément attristé par cette disparition.

Donald Mustard, cadre chez Epic Games, a fait part de son profond chagrin personnel et a évoqué ses récentes conversations avec Zampella.

« J’ai le cœur brisé. Vince Zampella a créé et dirigé tant de projets incroyables dans le domaine du divertissement et de l’innovation vidéoludique tout au long de sa vie légendaire. Mes pensées et mes condoléances vont à sa famille, ses amis et ses collègues. Je suis si reconnaissant d’avoir pu le voir la semaine dernière. Je suis si reconnaissant pour les câlins et les souvenirs que nous avons partagés. » — Donald Mustard

Jon Porter, ancien développeur chez Infinity Ward, s'est concentré sur la culture d'entreprise, décrivant un leader qui évitait la hiérarchie et protégeait son équipe.

« Vince Zampella… que dire? C’était une personne extraordinaire qui a toujours traité les autres avec respect. Il était peut-être le propriétaire, mais il ne s’est jamais comporté comme tel. Il traitait tout le monde d’égal à égal, prenait toujours le temps d’écouter et n’était jamais trop occupé pour discuter. Plus encore, il a protégé son équipe et a contribué à créer une culture de studio qui a servi de modèle à tant d’entre nous. Merci, Vince. Tu étais quelqu’un de bien. » — Jon Porter

Jen Salvesen de Respawn a partagé ce sentiment, liant directement le style de leadership de Zampella à l'identité du studio.

« Cela va de soi, mais la disparition de Vince Zampella est une perte immense. Il incarnait tout ce qu'on peut souhaiter d'un leader et a créé des jeux qui ont révolutionné le paysage vidéoludique. Je suis reconnaissante pour le studio qu'il a bâti pour nous tous, pour la passion du jeu vidéo que j'ai découverte grâce à son travail et fière d'avoir eu la chance de travailler à ses côtés. » — Jen Salvesen

D'autres ont souligné sa disponibilité constante envers les autres, sans distinction de statut. Tom Ham, de Create, a décrit des décennies de rencontres sporadiques qui ont laissé une empreinte indélébile.

« Chaque fois que nos chemins se croisaient lors de concerts à travers le monde, il s'arrêtait toujours. Il prenait toujours le temps de me saluer, de me prendre dans ses bras et de me demander sincèrement comment j'allais, peu importe avec qui nous étions. Ces moments comptaient plus qu'il ne le pensait sans doute. » — Tom Ham

Des dirigeants du secteur ont également évoqué le rôle de Zampella au sein de grandes organisations, soulignant sa capacité à préserver la créativité malgré les structures corporatives. Geoff Keighley l'a décrit comme un joueur passionné et un dirigeant rare qui privilégiait les joueurs et les développeurs.

« Vince avait à cœur de bien faire les choses. Même au sein de grandes organisations, il a toujours œuvré pour que les joueurs soient au centre de tout: privilégier l’expérience, le savoir-faire et les personnes qui pratiquent ces sports. » — Geoff Keighley

Des hommages sont également venus de l'extérieur du monde du développement occidental. Katsuhiro Harada, de Bandai Namco, a évoqué ses parties des jeux de Zampella lors de ses longues séances de développement nocturnes, les qualifiant de captivants et motivants.

Hideo Kojima a évoqué les conversations qu'il a eues lors de périodes de transition professionnelle, décrivant Zampella comme généreux de son temps et de ses conseils.

« Alors que je m’apprêtais à me lancer en indépendant, et peut-être parce qu’il sentait que nous étions dans une situation similaire, il a pris le temps de m’écouter, m’a donné des conseils et m’a soutenu de bien des manières. Il m’a même fait visiter le studio. » — Hideo Kojima

Le PDG de Gearbox, Randy Pitchford, a longuement parlé d'amitié, de compétition et de projets inachevés.

« Le monde a perdu beaucoup aujourd'hui et est soudainement moins cool qu'hier. Je suis anéanti. Je n'ai pas les mots. » — Randy Pitchford

Merci à PC Gamer pour les citations extraites de leur article.

De ces témoignages, une tendance se dégageait : Zampella était moins connu pour son autorité que pour sa discrétion. On le décrivait comme un homme qui savait se battre quand il le fallait, mais qui évitait les démonstrations de force, qui écoutait plus qu’il ne parlait et qui mesurait le succès à l’aune des équipes qu’il avait constituées. Cette réputation semblait constante, tous studios, maisons d’édition et pays confondus.

Vince Zampella avait 55 ans. Il laisse dans le deuil sa femme et ses trois enfants. Son œuvre continue d'influencer les choix de conception, les attentes des joueurs et les pratiques des studios dans toute l'industrie. L'hommage rendu à Vince Zampella témoigne désormais non seulement d'une perte personnelle, mais aussi d'une influence qui a largement dépassé le cadre d'une simple franchise ou entreprise.