Octopath Traveler 0 reprend son chemin dans une ascension en fin de partie
Octopath Traveler 0 se présente comme une reconstruction plutôt qu'une suite pure et simple, transformant un préquel mobile en un RPG complet pour console. Le résultat est un jeu défini par la patience. Les premières douzaines d'heures établissent des systèmes, des thèmes et des fils narratifs qui impressionnent rarement de manière isolée. La dernière ligne droite, cependant, recadre presque tout ce qui a précédé. Ce qui semble initialement routinier ou inégal prend du poids à mesure que les intrigues convergent, que les mécanismes s'approfondissent et que le jeu s'engage sur les conséquences. L'échelle exige du temps, mais les bénéfices dépendent de la façon dont on laisse ces heures s'accumuler.
Cette évaluation est en parfaite adéquation avec la critique de Michael Higham sur IGN, qui sert de point de référence principal pour comprendre comment Octopath Traveler 0 évolue au fil du temps. Higham a passé plus de 100 heures avec le jeu, et note que si une grande partie de cette expérience est tout simplement solide, les derniers chapitres élèvent l'ensemble du voyage. Son analyse présente le jeu non pas comme un point culminant constant, mais comme un jeu qui gagne sa réputation grâce à un impact différé plutôt qu'à un spectacle immédiat.
À la base, Octopath Traveler 0 est une version retravaillée d'Octopath Traveler: Champions of the Continent. Le changement le plus important est la suppression complète des mécanismes de gacha et des microtransactions. Les membres du groupe ne sont plus acquis par hasard ou par monétisation, mais par le biais de quêtes secondaires et de la progression de l'histoire. Cette simple décision transforme l'expérience en quelque chose de tout à fait traditionnel. Ce qui reste, c'est une structure de RPG classique avec une présentation moderne, renforcée par des ajouts à l'histoire et au gameplay qui justifient sa sortie au-delà des plateformes mobiles.

Le début de l'histoire a du mal à trouver son rythme. Les dialogues manquent souvent de nuances et plusieurs antagonistes font preuve d'une cruauté exagérée plutôt que de motivations complexes. Les affrontements contre les boss procurent une satisfaction mécanique, mais les méchants qui se cachent derrière sont rarement des personnages à part entière. Ces défauts sont particulièrement visibles dans la première moitié du jeu, où les thèmes sont introduits sans ménagement et où les intrigues sont résolues sans grande réflexion. Néanmoins, le jeu évite la stagnation en changeant régulièrement d'orientation, ce qui empêche tout fil conducteur de s'éterniser.

La quête principale commence par la destruction de la ville natale du protagoniste, Wishvale. À partir de là, l'histoire s'articule autour de trois voies parallèles axées sur le pouvoir, la gloire et la richesse. Chaque chemin cible un antagoniste différent et, ensemble, ils forment une fausse conclusion au bout d'une quarantaine d'heures. La fin apparente est une fausse piste intentionnelle. Après le générique de fin, l'histoire change d'envergure, introduisant trois nouveaux arcs qui revisitent les mêmes thèmes sous une pression plus forte. Les conflits politiques, la corruption religieuse et la trahison nationale occupent le devant de la scène, tandis que la structure plus large d'Orsterra apparaît au grand jour.

"Je peux presque vous garantir que peu de jeux s'épanouissent autant qu'Octopath Traveler 0" - Michael Higham
Contrairement aux précédents opus, l'histoire est centrée sur un seul protagoniste personnalisé plutôt que sur huit personnages parallèles. Ce choix resserre l'axe narratif, permettant aux thèmes de s'entrecroiser au lieu de se côtoyer. Le cadre familier de l'"élu" est ancré dans le concept des huit anneaux divins, chacun étant lié au pouvoir divin et à l'échec humain. Bien que cette approche mette à l'écart certains membres du groupe, elle renforce l'arc global. La plupart des plus de 30 personnages recrutables manquent de profondeur, mais leur présence sert un objectif plus large qui devient clair bien plus tard.

Cette pertinence tardive définit en grande partie la conception d'Octopath Traveler 0. Recruter des personnages, compléter des contenus annexes et s'engager dans des systèmes optionnels semblent souvent sans importance au début. Au fil du temps, ces éléments contribuent directement à l'apogée du jeu, d'une manière qui n'est ni évidente ni expliquée à l'avance. Le jeu s'appuie sur la mémoire plutôt que sur l'exposition, faisant confiance aux joueurs pour se souvenir des décisions et des investissements réalisés des dizaines d'heures plus tôt. Lorsque ces fils se reconnectent, l'effet est saisissant précisément parce qu'il n'a pas été télégraphié.

La quête finale marque une escalade brutale. L'agencement des donjons devient plus complexe, le comportement des ennemis devient punitif et les arcs de personnages se résolvent avec une clarté qui fait défaut aux premiers chapitres. L'antagoniste central émerge comme une figure pleinement réalisée dont les motivations sont transmises par des mécanismes, de la musique et des sous-entendus plutôt que par de longs dialogues. Les révélations atterrissent avec force parce qu'elles sont intégrées dans des systèmes que le joueur comprend déjà. Lorsque la véritable fin s'achève, le jeu semble transformé par rapport à ce qu'il était au départ.

Le combat reste l'un des points forts de la série. Les systèmes Boost et Break sont de retour, s'appuyant sur les faiblesses élémentaires et la manipulation de l'ordre du tour. Si la découverte des faiblesses de l'ennemi peut sembler répétitive, la maîtrise du système apporte un rythme régulier de planification et d'exécution. Les points de boost s'accumulent indépendamment pour chaque personnage, ce qui permet d'effectuer fréquemment des tours à fort impact. Les boss exigent de la précision, punissant souvent les erreurs par des suppressions de groupe ou des effets d'état débilitants. Pour réussir, il faut être prévoyant plutôt que de s'acharner.
"Cette série a toujours placé la barre très haut pour les systèmes de combat au tour par tour" - Michael Higham
La structure du groupe a également changé. Huit personnages sont actifs en même temps, répartis entre les rangs avant et arrière. Cela permet d'élargir le champ tactique, mais réduit la profondeur de la progression individuelle. La plupart des personnages progressent grâce à un seul métier, ce qui limite la spécialisation. La maîtrise des compétences compense en partie cet inconvénient en permettant de transférer des capacités d'un personnage à l'autre, mais le compromis reste le même. Le système favorise l'adaptabilité et le rythme au détriment de la personnalisation, poussant le combat vers un engagement constant plutôt que vers une construction minutieuse.

Au-delà du combat, Octopath Traveler 0 introduit un système de construction de ville lié à la reconstruction de Wishvale. Les matériaux collectés au cours du jeu permettent aux joueurs de construire des maisons, des magasins et des installations sur une grille. Le système est simple, mais ses effets sont pratiques. Les boutiques offrent des réductions, les matériaux se génèrent passivement et les membres inactifs du groupe gagnent de l'expérience. Au fur et à mesure que l'histoire progresse, la reconstruction de Wishvale devient moins facultative, tant sur le plan mécanique que thématique. La croissance de la ville reflète l'accent mis par le récit sur le rétablissement et l'effort collectif.
La musique joue un rôle essentiel tout au long du jeu. La partition du compositeur Yasunori Nishiki mélange le rock orchestral, les thèmes de combat soutenus par des chœurs et les motifs sobres de la ville. Les morceaux les plus importants mettent l'accent sur l'élan et l'ampleur, tandis que les morceaux plus calmes soulignent la perte et la réflexion. Les rappels musicaux renforcent les rythmes de l'histoire sans se répéter, ce qui permet aux thèmes d'évoluer en même temps que la narration. Plusieurs rencontres de fin de jeu s'appuient sur la musique autant que sur les mécanismes pour transmettre leur poids émotionnel.
"Yasunori Nishiki mérite d'être cité aux côtés des plus grands réalisateurs" - Michael Higham
Octopath Traveler 0 n'est pas toujours excellent. Ses premières heures de jeu sont hésitantes, sa liste de personnages s'étiole et sa politique vire parfois à la simplification. Pourtant, l'ambition du jeu réside dans la façon dont ces défauts sont absorbés par sa conclusion. L'acte final n'excuse pas les imperfections, mais les replace dans leur contexte. Ce qui reste est un RPG qui comprend la valeur de l'accumulation. Ses moments les plus forts dépendent entièrement de ce qui les a précédés, et sans cette base, ils n'atteindraient pas leur but. C'est un jeu qui insiste sur l'endurance, et pour ceux qui s'y engagent, il offre un rare sentiment d'accomplissement.

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